La nécessité de garantir la sécurité des interventions chirurgicales

Smile Train

Dans le cadre de la campagne Smile Train-Lifebox Safe Surgery and Anesthesia Initiative Content Series, nous nous sommes entretenus avec le Dr Elizabeth Igaga pour aborder son action, la sécurité des malades et la manière dont il faut promouvoir et former la sécurité chirurgicale pour chaque patient. Le Dr Igaga est une anesthésiste ougandaise et une conférencière au service d'anesthésie et de soins intensifs de la Faculté des Sciences de la Santé de l'université de Makerere. Elle a fait ses études de médecine et a complété sa maîtrise à l'université de Makerere. Elle exerce sa profession à l'Institut de cardiologie de l'Ouganda. Elizabeth est présentement trésorière de l'Association des anesthésiologistes de l'Ouganda (AAU), membre de la Société des soins intensifs de l'Ouganda (ICSU) et membre fondatrice du Falculté des Anesthésiste de l »afrique de l’Est, Santral et Sud (College of Anesthetists of East, Central and Southern Africa, CANECSA). Elle est aussi l'un des cinq premiers bénéficiaires de la bourse de sécurité des soins de santé de la Fondation Healthcare Safety Fellowship.

Dr Igaga, a Smile Train partner in Uganda providing free cleft lip palate surgery

Décrivez-nous votre profession et votre parcours dans le domaine de l'anesthésie.

Au cours de mes études de médecine, dans toutes les affectations que j'ai pratiquées, j'ai eu le sentiment qu'il manquait quelque chose - jusqu'à ce que je fasse mon entraînement en anesthésie. Au cours de cette période de rotation, j'ai été confronté à des situations où des interventions simples, peu onéreuses et apparemment ordinaires pouvaient faire une grande différence, parfois même sauver des vies, en une poignée de secondes. Par exemple, un malade dont les voies respiratoires étaient encombrées n'avait besoin que de simples mouvements des voies respiratoires, par exemple une poussée de la mâchoire ou l'insertion d'une voie respiratoire orale, pour éliminer l'encombrement et l'aider à mieux respirer.

Cette opportunité a été déterminante dans mon choix de carrière en anesthésie, car il était essentiel que je participe à cette action de protection de la vie.

Aujourd'hui, en qualité d'anesthésiste, je fais donc partie d'une unité qui travaille avec des malades dont la vie est en péril et nos actions les aident à combattre la maladie. C'est certainement l'aspect le plus valorisant pour moi en tant qu'anesthésiste : accompagner les malades tout au long de leur expérience chirurgicale et transformer leur anxiété en bonheur en gérant à la fois leur douleur et leurs attentes.

L'un des moments les plus difficiles de ce travail est de se rappeler que si j'avais eu la possibilité de voir le patient plus tôt, le dénouement aurait pu être tout autre. Il existe de multiples raisons pour lesquelles les patients ne bénéficient pas des soins dont ils ont besoins et qu'ils sont en droit d'attendre. Il est terriblement frustrant de savoir qu'il y a eu une rupture dans la chaîne de soins en fonction de tant de facteurs différents. Ce sont des difficultés que nous nous évertuons sans cesse à surmonter.

Une bonne partie de la solution à ces difficultés passe par le soutien. Je suis membre de l'Association des anesthésistes de l'Ouganda depuis sa création et je travaille actuellement en qualité de trésorier. En sa qualité d'association, nous effectuons un important travail de plaidoyer en matière des normes de sécurité. Nous sommes en train de mettre au point des recommandations qui seront présentées comme des directives nationales pour une anesthésie sans danger en Ouganda. L'association préconise aussi le financement par le gouvernement de la formation d'un plus grand nombre de spécialistes en anesthésie, car nous sommes loin de la recommandation de la Commission Lancet pour la chirurgie mondiale, qui recommande une densité de spécialistes en chirurgie de 20 pour 100 000 personnes.

*A noter : la proportion de médecins anesthésistes pour 100 000 personnes en Ouganda est de 0,18, selon la carte des ressources humaines de la WFSA.

De quelle manière avez-vous commencé à vous intéresser à la sécurité des malades ?

Mon engagement en matière de sécurité des malades est né de mon observation de ce que signifient l'anesthésiologie et les services de soins intensifs dans le cadre à basses ressources dans lequel je travaille. L'un des objectifs d'un anesthésiste est de promouvoir et de faire respecter les standards de sécurité. Le fait d'entendre et d'être présent lors d'incidents qui pourraient être évités, de faire partie des cours SAFE et des séminaires sur l'oxymétrie du Lifebox m'a ouvert les yeux sur la liste de vérification de l'OMS pour la sécurité chirurgicale. Ma maîtrise portait sur le respect de la liste de contrôle et nous avons découvert qu'il était extrêmement faible. De nombreux incidents me rappellent sans cesse la nécessité de renforcer la culture de la sécurité et de continuer à former et à défendre la sécurité à l'hôpital.

En août, je prendrai mes fonctions en tant que l'un des premiers bénéficiaires J'ai hâte de profiter de ce rôle et de voir combien il me permettra de plaider en faveur de la sécurité des malades au cours de la période péri-interventionnelle.

En qualité d'anesthésiste, pouvez-vous préciser l'importance et le but d'un oxymètre dans le déroulement d'une anesthésie en toute sécurité ?

L'oxymètre de pulsation est un appareil de base qui, s'il est utilisé de manière appropriée par un professionnel qualifié, fournit de nombreuses indications sur l'état du malade à ce moment précis. Il agit comme un capteur de détection précoce de l'hypoxie, permettant d'intervenir dans une circonstance où une action tardive serait autrement désastreuse. Autrefois, l'anesthésiste dépendait du chirurgien pour déceler un changement de couleur dans le sang afin de procéder à une intervention. Lorsque ce changement était visible, il était bien souvent trop tard. L'oxymètre de pulsations a comblé cette faille de manière considérable.

Tenter de réaliser une chirurgie sans danger sans oxymètre est, je pense, une épreuve déchirante. Le genre de risque qu'un anesthésiste prend en tentant de pratiquer une anesthésie en toute sécurité et, à long terme, une chirurgie sans risque, sans oxymètre, est considérable. Nul ne devrait jamais avoir à assumer ce fardeau. Nous continuons à œuvrer pour que les normes de base pour une chirurgie sans risques soient respectées dans tout le pays.

Vous avez dernièrement animé une conférence de formation des formateurs en réseau pour les séminaires d'oxymétrie de pulsations Smile Train-Lifebox. De quelle manière avez-vous été engagée dans ce projet ?

Depuis le commencement de mon stage, j'ai participé à la formation en qualité de formateur et comme étudiant. J'ai donné de multiples cours SAFE et des séminaires sur l'oxymétrie Lifebox et, à tous les coups, j'ai appris de nouvelles choses. À la suite de la pandémie, une bonne partie de notre formation a été dispensée en réseau. J'ai donc saisi l'occasion de devenir formatrice pour les stages d'oxymétrie de pulsations Smile Train-Lifebox et de mettre à nouveau à profit ces connaissances.

Les séminaires sur l'oxymétrie permettent aux formateurs et aux stagiaires de se perfectionner. Les stagiaires apprennent à appliquer les standards de sécurité dans leur milieu en se référant à des critères factuels. Nos confrères anesthésistes profiteront de ces séminaires pour se rafraîchir la mémoire, mais aussi pour être stimulés et pour obtenir une plus grande reconnaissance de leur contribution à la sécurité des opérations.

De quelle manière avez-vous travaillé en salle de chirurgie pendant le COVID-19 ?

Il y avait une énorme incertitude au commencement de la pandémie. Elle nous a ébranlés et nous a montré quelques-unes des brèches flagrantes qu'il était nécessaire de comblées. Il y avait aussi de nombreuses données partagées et une grande incertitude quant aux orientations à suivre. Les opérations chirurgicales non urgentes ont été suspendues pendant que nous cherchions à savoir quelle était la meilleure façon de réagir.

Nous avons progressivement élaboré des recommandations qui nous ont semblées convenir à notre situation et nous continuons à les adapter au fur et à mesure que nous apprenons à mieux comprendre le virus. Nous avons aussi participé à une formation par simulation sur la façon dont on intube un malade souffrant de COVID-19. La chirurgie non urgente a été rouverte graduellement et avec précaution. Les fournisseurs de services d'anesthésie sont à haut risque et des efforts ont été faits pour leur procurer l’PPE adéquat.

J'ai été exposé aux deux extrêmes du COVID-19, en qualité de patient et de médecin anesthésiste/critique. Je suis convaincu que cela me procure une plus grande compassion à l'égard des malades.

Si vous deviez avoir un souhait pour vos confrères du service de chirurgie afin d'améliorer la sécurité des malades, quel serait-il ?

Débutez par les principes de base. La liste de vérification de la sécurité chirurgicale de l'OMS comprend le travail en groupe et la plupart des standards minimums pour le suivi des malades. Sensibilisez l'équipe et donnez-lui les outils nécessaires pour qu'elle puisse s'exprimer et respecter les normes établies par l'établissement.


Vous ou quelqu'un que vous connaissez avez besoin de soins locaux gratuits pour les fentes ? Trouvez de l'aide maintenant.

Recevez des mises à jour de Smile Train

Ceci pourrait aussi vous intéresser...

Patient
Bonjour, je m'appelle Julian. Je vis avec ma famille dans le petit village de Zotiglopé,...
Patient
À la naissance de Fares, Nadia s'est retrouvée dans une situation bien trop familière aux...