Le ciel est sans limite pour Wayne
Avec un sourire comme le sien, il peut devenir tout ce dont il rêve

Au premier coup d’œil, Wayne ne semble pas très différent des autres enfants qui courent sous les fils à linge et à travers les champs de maïs qui quadrillent son quartier. Mais il y a quelque chose de spécial chez lui, et il le sait. On le voit dans son sourire, si l’on sait où regarder. Ou dans l’audace avec laquelle il se tient pieds nus sur la piste de terre devant sa maison, le regard tourné vers le ciel, osant rêver en grand.

Sa mère, Memory, connaît bien l’histoire et se réjouit toujours de la raconter à quiconque s’étonne de la confiance extraordinaire de son fils.
Memory a appris qu’il naîtrait avec une fente une demi‑heure avant sa naissance. Elle ne savait pas ce que cela signifiait ; elle n’avait jamais vu une fente avant de le tenir dans ses bras. Les infirmières ont tenté de la rassurer en lui disant qu’il pourrait être soigné à l’hôpital central de Harare, mais il était si petit, si fragile, la fente si large… elle ne les croyait pas.
Wayne est resté trois jours à l’hôpital. Memory s’inquiétait pour son fils, son quatrième enfant, pendant leur séparation, mais elle avait du mal à oser le regarder quand il était près d’elle. « J’avais honte du visage de mon fils, » avoue‑t‑elle.
Sa famille, et en particulier son mari Fararira, est restée sereine. Il pensait qu’elles devaient d’abord voir ce que disait l’autre hôpital avant de trop s’inquiéter.
L’équipe de prise en charge des fentes de l’hôpital central a confirmé ce qu’avaient dit les infirmières : grâce à Smile Train, Wayne bénéficierait de la chirurgie dont il avait besoin, totalement gratuite, à condition d’atteindre un poids santé. C’était un gros « si », et Memory sentait ce « si » peser sur sa tête comme un panier trop chargé.
Comme tant d’autres nourrissons porteurs de fente, Wayne avait du mal à téter parce que le trou dans son palais lui faisait avaler le lait par le nez. Il semblait devenir de plus en plus fragile et de plus en plus affamé chaque jour. Elle était reconnaissante que le personnel de l’hôpital lui ait remis du matériel spécial et montré des techniques d’alimentation pour lui permettre de bien s’accrocher au sein et de prendre du poids, mais malgré tout, Memory restait sceptique quant à l’efficacité de la chirurgie .
« Je n’avais jamais vu personne subir une chirurgie aussi lourde auparavant, » a‑t‑elle dit. « Ça m’a rendue peu sûre de moi. »
Ses voisins n’ont fait qu’amplifier sa gêne et la honte qu’elle ressentait avec son bébé. Chaque fois qu’elle sortait de la maison avec lui, ils l’assaillaient :
Qu’est‑ce qui s’est passé ?
Y a‑t‑il eu un accident ?
Comment peut‑il même manger ?
Vous en avez parlé à quelqu’un ?
Je vous ai vue aller à la campagne quand vous étiez enceinte. Quelqu’un vous y a jeté un mauvais sort. Avouez‑le.
C’était le printemps en Afrique australe. La maison de Memory était minuscule, surpeuplée et étouffante. Pourtant, pendant des semaines avant la chirurgie de Wayne, elle se sentait plus à l’aise à l’intérieur qu’écrasée sous tous ces doigts accusateurs à l’extérieur.
Cinq mois ont passé. Le temps passé à l’intérieur lui a permis de se concentrer sur le maintien du poids de Wayne, et quand le jour dela chirurgie est enfin arrivé, il était prêt. Mais Memory avait encore besoin de beaucoup de soutien. Elle tournait en rond d’anxiété pendant toute la durée de l’intervention. Même en voyant les médecins le ramener vers elle, elle n’a pas retrouvé son calme. Son visage était gonflé et il ne bougeait toujours pas. Ce n’est que lorsqu’il a commencé à remuer qu’elle a enfin respiré pleinement pour la première fois depuis près d’un demi‑an.
« C’était un moment merveilleux, » sourit‑elle.

Aujourd’hui, Wayne est un garçon de sept ans hyperactif et curieux. Il adore jouer à cache‑cache avec son père, son grand frère et son meilleur ami. Il s’épanouit à l’école et aime apprendre de nouvelles choses, en particulier « apprendre les formes » en mathématiques.

la chirurgie de Wayne a aussi offert une seconde chance à Memory. Elle a depuis eu deux autres enfants, aucun n’ayant une fente, et elle est récemment devenue institutrice en maternelle diplômée.

Quant à leur fils au sourire radieux, Memory se projette et le voit devenir policier : « Il est très bavard et aime observer ce qui l’entoure, » rit‑elle. « Il ne cesse de rapporter ce qu’il a vu ou si quelqu’un enfreint les règles. »
Wayne connaît les ambitions de sa mère pour lui, mais, comme toujours, il a ses propres idées.
« Quand je serai grand, je veux devenir ingénieur et réparer des avions, » dit‑il. « Je vois des jets voler dans le ciel et je les aime. »

Quoi qu’il devienne, cet enfant qui n’aurait peut‑être pas survécu à sa petite enfance peut désormais laisser libre cours à ses ambitions grâce à Smile Train. Notre modèle durable a fait bien plus pour Wayne que de rendre possibles des soins de fente personnalisés et de haute qualité au moment où il en avait besoin. Être soigné par des chirurgiens, anesthésistes et infirmiers locaux — des personnes issues de son milieu et parlant sa langue — lui a aussi donné des modèles de réussite et le sourire confiant d’un jeune homme qui comprend qu’avec de la bienveillance et du travail, la situation actuelle n’est pas une fatalité.

« Merci aux donateurs de Smile Train : sans vous, nous n’aurions pas les ressources pour faire face à la fente de mon fils, » déclare Memory. « Les médecins ont réalisé une excellente chirurgie, et nous ne pouvons que les remercier pour leurs efforts. Je m’engage désormais à informer les parents que les médecins maîtrisent leur métier et méritent votre confiance. »